Les entreprises innovent pour les déplacements professionnels de leurs salariés
La mobilité douce avance rapidement dans les déplacements professionnels. Sous l’effet des réglementations françaises et européennes, des attentes des salariés et de la pression sur les budgets déplacements, les entreprises ajustent leurs pratiques. Les actifs le constatent déjà : vélos électriques fournis par l’employeur, trottinettes sur les grands sites, covoiturage facilité, avantages financiers adaptés ou outils numériques qui regroupent toutes les options de déplacement.
L’engouement est réel : pas moins 16 millions de Français ont partagé au moins une fois leur véhicule au cours de l’année par exemple, selon l’ADEME. Prix du carburant, sensibilisation aux émissions de CO2, les raisons pour se ranger du côté de la mobilité douce sont nombreuses.
Derrière ces évolutions, il y a aussi la volonté de réduire le recours systématique à la voiture individuelle et de proposer des solutions simples, concrètes et sécurisées pour les trajets du quotidien comme pour les déplacements inter-sites.

Mobilité douce : des véhicules variés et adaptés aux usages professionnels
Le vélo électrique reste un pilier de la mobilité douce. En France, le nombre de trajets à vélo a augmenté de près de 48 % entre 2019 et 2023 selon le ministère de la Transition énergétique.
Les employeurs y voient un moyen direct d’améliorer les trajets domicile-travail tout en encourageant une activité physique régulière. La location longue durée attire particulièrement : entretien inclus, assistance rapide en cas d’incident, assurance dédiée, accessoires fournis… Les actifs disposent ainsi d’un véhicule opérationnel du lundi au vendredi, sans gestion supplémentaire.
Par ailleurs, les flottes s’élargissent avec l’arrivée des vélos cargos, utiles pour transporter du matériel ou effectuer de petites tournées techniques ou commerciales. Ils remplacent parfois un utilitaire sur de courtes distances, ce qui réduit les pertes de temps liées au trafic.
Les scooters électriques complètent ce panel. Ils couvrent les trajets plus longs ou les tournées nécessitant une autonomie confortable.
Enfin, les trottinettes électriques s’installent comme solution interne dans les grands campus, les zones d’activités étendues ou les environnements industriels. Elles raccourcissent les déplacements entre bâtiments et évitent le recours à des véhicules thermiques pour quelques centaines de mètres.
Cette diversité des formes de mobilité s’accompagne d’une meilleure qualité du matériel : batteries plus robustes, systèmes antivol avancés, géolocalisation, maintenance préventive automatisée. Les entreprises suivent ainsi l’usage réel et adaptent leurs investissements avec précision.
Des plans de mobilité employeur mieux construits
La Loi d’Orientation des Mobilités (ou loi LOM) a renforcé les obligations d’analyse et de concertation pour les entreprises. Dès qu’un site regroupe plus de 50 salariés en zone urbaine, la mobilité domicile-travail doit être pensée dans les échanges annuels avec les représentants du personnel.
En 2025-2026, ces démarches prennent une forme plus aboutie. Les employeurs définissent des cibles mesurables avec la progression d’usage du vélo, le développement du covoiturage, et, au bout du chemin, la diminution des émissions liées aux trajets quotidiens. Ces cibles sont suivies au moyen d’indicateurs réguliers.
Ces plans débouchent sur des actions très concrètes :
- Agrandissement des parkings vélos
- Abonnements négociés avec des opérateurs de vélos électriques
- Flottes d’autopartage électrique
- Couloirs cyclables internes
- Vestiaires équipés pour faciliter l’arrivée à vélo
L’enjeu principal consiste à organiser un ensemble cohérent où plusieurs modes de déplacement cohabitent.
Des services numériques qui facilitent le passage à l’action
Les innovations les plus décisives viennent souvent des outils numériques.
Covoiturage interne simplifié
Le covoiturage interne franchit un cap depuis que les entreprises adoptent des plateformes dédiées. Au lieu de chercher un collègue disponible au hasard des échanges informels, les salariés ouvrent une application qui affiche immédiatement les conducteurs et passagers compatibles avec leurs horaires et leur trajet.
L’outil gère les trajets réguliers, prévient en cas de changement, applique les avantages liés au covoiturage et sécurise les échanges. C’est aussi un bon outil de gestion de la mobilité pour l’entreprise.
Applications de mobilité
De leur côté, les applications de mobilité réunissent l’ensemble des options disponibles dans l’entreprise comme dans la ville. Plutôt que de jongler entre les horaires de bus, l’application de vélos en libre-service et les solutions internes, le salarié consulte une seule interface. En quelques secondes, elle calcule le trajet le plus pertinent en tenant compte du temps, du coût, de la météo ou des émissions CO2 associées. Cette vision unifiée simplifie la décision et favorise l’adoption des modes doux sans effort supplémentaire.
Suivi carbone et défis internes
Les applications qui calculent l’impact carbone évité ou les kilomètres doux parcourus renforcent l’engagement des salariés.
Pourtant, malgré ce potentiel, seules 9 % des entreprises privées ont mis en place ce forfait ; et seules 19 % d’entre elles connaissent bien le dispositif. Cela montre qu’il reste une marge importante pour étendre ces outils.
Des infrastructures plus accueillantes, essentielles à l’adoption
L’essor de la mobilité douce n’est possible qu’avec des infrastructures adaptées. Un vélo électrique sans local sécurisé reste un investissement risqué et une trottinette sans stationnement dédié finit inutilisée.
Les entreprises renforcent donc leurs sites avec des :
- parkings vélos sécurisés avec accès contrôlé
- caméras de surveillance ou casiers individuels
- bornes de recharge pour VAE et scooters
- vestiaires avec douches
- zones réservées au covoiturage
- chemins internes pour guider les déplacements sur sites
Certaines collaborent avec les collectivités pour co-financer des pistes cyclables autour de leurs implantations. Ces aménagements améliorent les arrivées et les départs, en particulier aux heures de pointe.
Sécurité et formation pour la mobilité douce aussi
L’essor des mobilités douces demande un effort supplémentaire en matière de prévention. Le risque routier reste la première cause de décès au travail, ce qui pousse les entreprises à renforcer leurs programmes de formation.
Trois axes de formation sont alors possibles :
Prise en main des véhicules
Les salariés apprennent à maîtriser le freinage, l’équilibre, la gestion des intersections ou des conditions météo difficiles.
Partage de la route
Des modules rappellent les distances de sécurité, les règles de priorité et les zones sensibles. Ces rappels concernent les cyclistes comme les automobilistes.
Parcours d’intégration
Dès l’arrivée d’un salarié, l’entreprise présente les solutions de mobilité disponibles, les règles d’usage, les points de recharge et les modalités d’emprunt.
Cette démarche réduit les incidents et diminue le stress lié aux trajets.
Nouveaux dispositifs RH et avantages financiers pour la mobilité
Les entreprises révisent progressivement leurs politiques de déplacements pour alléger les coûts supportés par les salariés et encourager des trajets quotidiens moins dépendants de la voiture individuelle. Le forfait mobilités durables couvre ainsi vélo et vélo électrique, covoiturage, autopartage électrique ou certains usages des transports publics hors abonnement.
De plus, son cadre fiscal reste attractif, avec une exonération possible jusqu’à 600 € par an, portée à 900 € lorsqu’il s’ajoute au remboursement des abonnements de transports publics. Cette enveloppe allège immédiatement le budget trajet des actifs et incite à adopter des solutions plus sobres.
En parallèle, la prise en charge des abonnements de transport progresse. La loi impose un remboursement minimal de 50 %, mais de plus en plus d’entreprises vont plus loin et financent jusqu’à 75 % du titre de transport, grâce au régime social avantageux en vigueur depuis 2025. Cette hausse apporte un soutien direct aux salariés tout en améliorant l’attractivité RH.
Conclusion
La transition vers des mobilités plus sobres progresse parce qu’elle répond à des enjeux très concrets du quotidien professionnel. Les salariés cherchent des trajets plus rapides, moins coûteux et plus prévisibles. Les entreprises, de leur côté, recherchent des solutions qui simplifient l’organisation des déplacements et améliorent le confort de leurs équipes. Les innovations qui se déploient aujourd’hui, qu’elles soient matérielles, numériques ou RH, modifient progressivement les habitudes et ouvrent la voie à une manière plus souple de se déplacer entre domicile, sites de travail et rendez-vous.
