Comment prévenir et combattre les troubles musculosquelettiques ?

14 décembre 2022

Les troubles musculosquelettiques, ou TMS, sont les maladies professionnelles les plus courantes. Et pour cause, des métiers « de bureau » aux professions manuelles qui réalisent des tâches pénibles, tous les actifs peuvent être concernés. Mais que sont-ils exactement et comment les prévenir au mieux ?

troubles musculosquelettiques
Source : Stocklib

Que sont les troubles musculosquelettiques ?

Les troubles musculosquelettiques, plus connus sous le nom de l’acronyme TMS, concernent l’ensemble des douleurs ou des difficultés fonctionnelles qui touchent les articulations, les muscles et les tendons. Selon l’Assurance Maladie, 86 % des maladies professionnelles sont des troubles musculosquelettiques. C’est dire si le sujet est d’ampleur, aussi bien pour les personnes concernées que pour les entreprises.

Pour beaucoup de Français, le premier des troubles musculosquelettiques est le mal de dos, mais il n’est hélas pas le seul à entacher le quotidien des personnes qui travaillent. Ils concernent aussi régulièrement les membres supérieurs, à commencer par le poignet, le cou, l’épaule…

Même sans être soi-même concerné, chacun connaît au moins une personne qui a dû arrêter de travailler ou changer de poste en raison de douleurs liées à son métier ou qui rejaillissent dessus.

Quelles sont les causes des troubles musculosquelettiques ?

Les gestes répétitifs ou difficiles

Les personnes touchées par les troubles musculosquelettiques doivent souvent faire les mêmes gestes dans le cadre d’une tâche répétitive ou travailler dans des positions incommodes. Ce sont par exemple les hôtesses de caisse qui font un mouvement de part et d’autre avec des milliers d’articles toute la journée. Ce sont aussi les employés du BTP qui réalisent des mouvements difficiles, ou ceux qui portent des équipements lourds, etc.

Les écrans et la souris

Mais il ne faut pas oublier les petits gestes du quotidien de bureau qui, au fil du temps, représente un fort vecteur de troubles musculosquelettiques : une mauvaise position devant un écran, les mouvements répétés avec la souris, la tape sur le clavier sont autant de causes de TMS. Sans parler de la sédentarité qui, sur le podium des vecteur de mauvaise santé, est à égalité avec les mouvements trop intenses.

L’environnement

Travailler dans un environnement trop froid peut aussi entraîner des conséquences sur la sphère musculosquelettique. Cela a été prouvé par diverses études qui mettent en évidence le froid comme facteur direct et indirect des TMS. De la même façon, celui-ci peut augmenter les douleurs déjà présentes.

L’inadaptation des postes de travail

Des postes de travail qui rendent les tâches moins aisées sont des facteurs directs de TMS. Mal adaptés, un bureau ou une chaîne de production sont à l’origine de mauvaises postures qui, au fil du temps, sont des causes de douleurs.

Par ailleurs, il a été montré que les femmes sont plus touchées que les hommes dans ce domaine. Ainsi, en décembre 2022, la délégation aux droits des femmes du Sénat a reçu des historiennes et des sociologues venus expliquer pourquoi les femmes souffrent plus au travail que les hommes. Elles sont selon elles deux fois plus concernées que leurs homologues masculins. Et les raisons sont directement liées à des postes mal adaptés. Cette mauvaise ergonomie s’ajoute à un contexte plus général de postes précaires, à temps partiel bien souvent, d’horaires décalés et d’une charge familiale importante (notamment pour les familles monoparentales). Tous ces facteurs concourent à une plus grande proportion de TMS chez les femmes.

Les conséquences des troubles musculosquelettiques

Les symptômes des TMS varient en fonction de la cause et de la localisation et peuvent entraîner :

  • Des douleurs constantes ou aigües
  • Des engourdissements
  • Des raideurs
  • Des fourmillements
  • Une perte de force dans les parties du corps affectées

Si elles ne sont pas traitées, ces conditions peuvent entraîner une incapacité à travailler et des limitations fonctionnelles. Plus largement, les TMS peuvent générer une douleur chronique et des pertes d’autonomie pour réaliser certaines actions du quotidien (porter ses courses, pratiquer une activité sportive). Ces difficultés ont des conséquences importantes sur la vie quotidienne des personnes touchées.

Les TMS sont également à l’origine de difficultés au travail, ce qui est à l’origine d’une diminution de la productivité et, tout aussi grave et coûteux pour l’entreprise : de l’absentéisme. Cela représente par conséquent des enjeux élevés, aussi bien financiers que pour l’image de marque.

Prévenir les troubles musculosquelettiques

La prévention contre les troubles musculosquelettiques concerne en premier lieu l’entreprise qui, légalement, doit protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Parmi les actions de prévention que l’employeur doit mettre en place :

  • Adapter au mieux le poste de travail en choisissant des équipements ergonomiques, en ajustant la hauteur de l’écran.
  • Des formations pour aider les employés à adopter de bonnes postures et des pratiques qui concourent à une meilleure santé.
  • Une sensibilisation générale par une communication, avec un affichage dans les salles de repos par exemple, mais aussi des newsletters internes illustrées qui apportent des astuces simples à mettre en place pour éviter les douleurs.

Les salariés sont eux-mêmes les acteurs de leur santé et de la diminution de leurs douleurs., les actifs – qu’ils soient sur site ou en télétravail – doivent donc prendre de nouvelles habitudes, parmi lesquelles :

  • Adopter une bonne posture : assis toute la journée devant un ordinateur a pour effet de réduire la force musculaire du dos. Si bien que beaucoup de personnes ont le dos voûté ou sont avachies sur leur chaise. Pour éviter cela, il faut se tenir droit, les épaules en arrière, les yeux bien en face de l’écran (quitte à le surélever).
  • Faire des pauses régulières : pour les personnes assises, cela consiste avant tout à se lever et à marcher quelques minutes. Pour les emplois qui nécessitent des gestes répétitifs, les pauses sont indispensables et, bien sûr, obligatoires (sinon l’employeur s’expose à des sanctions). Cela peut être l’occasion, par exemple au lieu de fumer une cigarette, de détendre ses muscles en faisant des étirements.
  • Pratiquer une activité physique adaptée : le sport, qu’il soit doux ou demande de l’endurance, est un excellent moyen de prévenir les douleurs et les TMS. L’activité physique permet de détendre et d’entretenir ses capacités musculaires et fonctionnelles. En outre, le sport a des effets prouvés sur le moral, ce qui évite un stress qui peut, lui aussi, être à l’origine de douleurs physiques. L’entreprise peut elle-même offrir des cours de sport en guise d’avantage salarial. Ce qui a non seulement pour effet de réduire les douleurs, mais aussi de protéger la santé de ses salariés à long terme.

Pour autant, toute douleur qui se répète ou qui devient constante doit faire l’objet d’une consultation. Lorsqu’ils ne sont pas traités, les TMS s’aggravent de jour en jour et peuvent conduire à une incapacité de travail aussi dommageable pour le salarié que pour l’entreprise.

Face à l’ensemble des problématiques de santé qui concernent les actifs, la prise en compte des troubles musculosquelettiques (TMS) est un véritable enjeu pour les entreprises. Elle passe à la fois par une analyse des postes de travail et l’adaptation des tâches, et par une sensibilisation générale. Cette prise en compte, par les entreprises et l’opinion publique, des petites et des grandes douleurs est indispensable pour une meilleure santé des actifs en général. Car cela aura un impact sur la continuité de leur vie professionnelle, ainsi que pour leur santé et leur autonomie à plus long terme.

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