L’addiction aux écrans chez les jeunes, risques et prévention

13 avril 2022

Beaucoup de parents s’inquiètent de voir leurs enfants, en particulier les adolescents et les jeunes adultes, en permanence rivés à un écran. Car aux ordinateurs se sont ajoutés les smartphones et les tablettes dont le temps d’utilisation ne cesse d’augmenter. Pour autant l’addiction aux écrans est-elle une réalité médicale ? Quelles sont les signes qui peuvent alerter sur une trop grande consommation numérique ? Et enfin, comment agir dans le bon sens ? Voici ce que vous devez savoir.

L’addiction aux écrans chez les jeunes, risques et prévention 1
Source : Stocklib

L’addiction aux écrans est-elle un problème de santé publique ?

Il faut avant tout faire la part des choses quant au terme « addiction aux écrans ». L’addiction, dans le domaine médical, est une pathologie dont les effets sur la santé physique et mentale sont importants. Ainsi, l’addiction aux drogues et à l’alcool entraîne des difficultés à la fois physiologiques, physiques et morales difficilement comparables aux effets produits par une trop grande utilisation des écrans.

Pour autant, l’usage incontrôlé ou trop précoce des écrans chez des enfants et des jeunes en pleine construction est un problème de santé publique quand elle entraîne selon l’Académie Nationale de Médecine :

  • Un retard d’apprentissage
  • Une modification de leur capacité d’attention
  • Des troubles du sommeil
  • Des troubles oculaires
  • Parfois une prise de poids car les écrans rendent sédentaire

Toutes ces conséquences en génèrent d’autres dans leur sillage, à commencer par les difficultés scolaires et sociales.

Le plan d’action du gouvernement « Pour un usage raisonné des écrans par les jeunes et les enfants »

Conscient de l’importance de ce sujet, le gouvernement a mis en place le 7 février 2022 un plan d’action, fruit d’une collaboration entre plusieurs ministères, visant à mieux encadrer l’usage des écrans chez les enfants et les jeunes. Il comporte des actions phares, dont le développement dans les territoires « d’ateliers de la parentalité numérique » grâce à un réseau d’associations, et le développement des compétences numériques des élèves dès le CM1 par le biais de la plateforme Pix.

La différence entre l’utilisation des écrans et une forme d’addiction des jeunes à ceux-ci

Certains adultes, par leur métier principalement, doivent avoir les yeux sur des écrans toute la journée. Ils peuvent même les utiliser pour se détendre, par exemple en regardant un film ou une série sur une plateforme de streaming. Leur consommation d’écran est donc importante, soit au moins 8 heures par jour. Néanmoins, on ne parle pas d’addiction aux écrans en tant que telle, sauf quand cela concerne les jeux en ligne ou l’addiction à la pornographie par exemple.

À l’inverse, des adolescents et des jeunes qui préfèrent passer leur temps sur leur ordinateur ou leur smartphone, au lieu d’étudier, de faire du sport ou de rencontrer leurs amis, sont autant d’indices d’une possible « intoxication » aux écrans qui peut leur être préjudiciable. Par peur de manquer une information ou pour s’évader dans un autre monde grâce aux jeux vidéo, ils peuvent devenir hermétiques à la réalité qui les entoure.

Quelle est la place des écrans dans la vie des adolescents ?

L’écran a une place centrale dans la vie des adolescents, et plus particulièrement le smartphone qui les relie à tout. À la fois outil de sociabilisation, de jeux, et de réponse à tout, il est comme le prolongement de leur main.

Or les écrans représentent aussi des dangers, et pas seulement quant au temps qui est passé dessus, mais de leur type d’utilisation :

  • Ainsi, les adolescents qui utilisent trop souvent les écrans peuvent développer des troubles anxieux ou une mésestime d’eux-mêmes à cause des réseaux sociaux qui leur renvoient une image parfaite impossible à atteindre (pour 5 % des garçons et 11 % des filles), ou en raison d’un cyberharcèlement, parfois directement lié au harcèlement scolaire
  • L’utilisation de l’écran peut aussi conduire au visionnage d’images violentes et perturbantes en raison d’un accès trop facilité à des sites peu recommandables
  • Les écrans sont aussi susceptibles d’entraîner des relations avec des personnes qui cherchent à nuire ou à abuser des adolescent(e)s, autrement dit des mauvaises rencontres qui ne sont pourtant pas si virtuelles
  • Les écrans sont aussi le reflet d’un autre type d’addictions qui concernent certains jeunes : les jeux d’argent dont les paris sportifs par exemple, alors que cela est interdit aux moins de 18 ans
  • Enfin, les jeux vidéo qui peuvent devenir un problème, ce qui est le cas pour 1 jeune sur 8

Bien sûr, cela ne concerne pas tous les adolescents. Mais l’accès à des images qui ne sont pas de leur âge, sans que les parents ne le sachent, est malgré tout largement partagé, comme s’agissant de pornographie à des âges très précoces ou de contenus violents. D’où l’importance de garder un œil sur le contenu consulté par les adolescents, lorsque leur âge le permet encore.

Peut-on consulter un médecin généraliste pour l’addiction aux écrans ?

Il peut être difficile de consulter un généraliste pour lui parler d’une possible addiction aux écrans de son enfant. Pour autant, lorsque votre enfant est encore jeune, vous pouvez soumettre cette problématique à votre médecin généraliste, qui peut lui-même vous envoyer vers un spécialiste.

Par ailleurs, vous pouvez bien évidemment consulter un généraliste lorsque votre enfant a des troubles du sommeil ou des difficultés scolaires et que vous soupçonnez une addiction aux écrans. Votre médecin peut vous aider à faire un bilan de la situation et à prendre certaines mesures. Là encore, il vous conseillera éventuellement un spécialiste de la question.

Que faire pour que ses enfants ne soient pas « accros » aux écrans ?

Dans un monde ultra connecté, il n’est pas facile pour les parents d’interdire à leurs enfants d’utiliser les écrans. Néanmoins, comme le conseille l’Académie de Médecine, les tout petits sont particulièrement exposés et nécessitent une attention particulière, à la fois sur leur comportement face aux écrans… et celui des adultes.

  • Ainsi, avant 3 ans, il ne faut pas laisser un enfant seul avec un écran, mais encourager l’interactivité avec les parents, par exemple avec des jeux éducatifs et d’éveil, de manière raisonnée et en complément des autres types de jeux
  • De 3 à 10 ans, l’organisation conseille de fixer des rituels propres à l’utilisation des écrans dans la maison pour faciliter une forme d’autorégulation. Il s’agit aussi de ne pas acheter un écran pour un enfant, mais pour la famille, de sorte à en faire un outil de partage et non solitaire
  • Après 10 ans, c’est l’usage raisonné qui doit être la règle avec des moments où l’écran est un outil de travail ou un outil de divertissement 

Par ailleurs, parler des écrans avec les enfants est très important pour leur donner les clés d’un usage raisonné qui doit aussi s’accompagner d’une même discipline chez les parents ! Il ne faut pas rendre les écrans (et ce que l’on en fait) tabous, mais être dans un dialogue constant. De cette façon, les adolescents sont plus enclins à parler d’un problème qu’ils peuvent rencontrer à cause des écrans ou par le prisme de ceux-ci. Car chez les jeunes, le principal risque des écrans est de s’enfermer dans une bulle numérique et de s’éloigner de ses parents et de la « vraie vie ».

L’addiction aux écrans est donc une problématique sérieuse qui concerne la santé physique et mentale des jeunes. D’où la nécessité de prévenir dès la petite enfance ou de prendre le sujet à bras le corps s’il se présente.

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