La santé mentale des jeunes : une importance capitale pour l’avenir
Jamais la santé mentale des jeunes n’avait autant fait parler d’elle. À l’adolescence puis en tant que jeunes adultes, celle-ci peut être affectée de différentes manières alors que les personnalités se construisent, s’affirment ou se sentent perdues. Ce moment charnière de leur vie future peut ainsi être touché par les troubles anxieux, la dépression et des pensées suicidaires qui doivent être pris au sérieux. Les parents, mais aussi les proches et le corps enseignant, ont leur rôle à jouer pour les aider. Plus largement, il est important pour chaque jeune de comprendre que sa santé mentale est aussi importante que sa santé physique, et qu’elle se cultive elle aussi.
Quels sont les éléments déterminants de la santé mentale des adolescents ?
Les jeunes années d’adolescence puis le passage à l’âge adulte représentent deux phases où la santé mentale peut être mise à rude épreuve. Alors que les hormones s’agitent, les garçons comme les filles sont aussi vulnérables à des pensées noires qui, ajoutées à l’explosion des sentiments, deviennent parfois difficiles à vivre.
Ainsi, les difficultés psychiques et les périodes dépressives peuvent toucher toutes les catégories sociales. Et pour cause, si certains échappent à l’acné et aux appareils dentaires, tous les adolescents font face à des bouleversements personnels :
- Puberté
- Découverte de la sexualité et questionnements sur soi
- Poussée de croissance
- Modification de la silhouette
- Changement du regard des autres
- Comparaison et mimétisme pour ressembler à ses camarades
- Entrée dans l’autonomie
Et s’il n’y avait que cela… Cette phase de la vie s’accompagne aussi d’une interrogation sur l’avenir professionnel avec des choix dont les jeunes ne sont pas toujours maitres. À l’angoisse du futur peut s’ajouter une certaine frustration, voire une rébellion face aux choix de ses parents.
Lorsqu’arrivent les jeunes années d’un adulte, dans la vingtaine, le poids des responsabilités et une histoire personnelle parfois déjà bien chargée, peuvent aussi entraîner des problématiques de santé mentale.
Enfin, les réseaux sociaux, les écrans, avec les risques qu’ils comprennent à cet âge (harcèlement en ligne, exposition à la violence et à la pornographie) sont autant de facteurs de traumatismes et de troubles psychiques.
Exemples de signaux d’alerte sur la santé mentale des jeunes
Les troubles anxieux et la dépression ne sont pas toujours visibles pour les parents et les personnes qui encadrent les jeunes. L’anxiété en tant que telle peut être « supportable » et cachée et la « petite déprime » ne pas créer de vagues particulières. Mais il est malgré tout important de détecter les signaux faibles et d’autres beaucoup plus visibles :
- L’isolement : un adolescent qui reste constamment dans sa chambre et qui n’a pas du tout de vie sociale est un signe important. Attention cependant à ne pas confondre cet isolement avec l’introversion, un trait de caractère qui n’empêche pas d’avoir des activités et d’être heureux.
- Les marques sur le corps : la scarification est un signal très important d’un mal-être qui nécessite une écoute.
- L’anorexie ou la boulimie : les troubles alimentaires à l’adolescence ont diverses causes qu’il faut explorer médicalement pour ne pas laisser la situation s’envenimer.
- La consommation de drogue et/ou d’alcool : la jeunesse est un territoire d’expérimentations mais lorsque cela s’accompagne de comportements à risques, il est important de comprendre pourquoi l’adolescent ou le jeune adulte en passe par-là.
- Un comportement changeant ou agressif soudain : parfois synonyme de consommation de stupéfiants, cela peut aussi provenir d’une maladie mentale sous-jacente.
L’impact des crises sur la santé mentale des jeunes
La jeunesse actuelle n’est pas épargnée par les crises qui ne sont pas de nature à rendre l’horizon joyeux. Entre le Covid, le changement climatique, la crise économique et la guerre aux portes de l’Europe, difficile de se réjouir. La santé mentale peut alors durement en pâtir à un âge où tout devrait être possible.
Comment la crise sanitaire et écologique affecte-t-elle la santé mentale des jeunes ?
Le changement climatique touche à ce point une partie de la jeunesse que leur angoisse porte un nom : l’écoanxiété. Autrement dit, la crainte d’un futur bouché, fait d’étés extrêmement chauds, de guerre de l’eau, de fins de certaines espèces animales, de catastrophes climatiques. Devant ce tableau noir, ils ont aussi l’impression que les plus âgés ne comprennent pas leur inquiétude et ne font rien pour renverser le cours des choses.
La crise sanitaire, dont le plus fort est a priori derrière nous, a par ailleurs marqué les esprits. Il faut se représenter l’impact d’une vie sociale quasi stoppée pendant deux confinements, l’éloignement du présentiel. Ces aspects ont concouru chez certains jeunes – principalement ceux qui n’avaient pas la chance de rejoindre leur famille, ou au contraire, dont le cercle familial était difficile – à des épisodes dépressifs. Selon la Fondation de France, 1 jeune sur 5 en a été victime lors de la crise sanitaire.
Un autre chiffre retient l’attention et montre l’importance de ce sujet : 23 791 jeunes ont tenté de se suicider en 2021, un chiffre jamais atteint jusqu’ici, rapporte la Fondation.
Quels sont les impacts de la crise actuelle sur la santé mentale ?
Selon une étude de la Drees, les syndromes anxieux ou dépressifs concernent 16 % de la population âgée de 16 ans ou plus (12 % des hommes et 19 % des femmes). Autre chiffre important à noter, près d’un quart des jeunes femmes âgées de 16 à 24 ans sont concernées par l’un ou l’autre.
Mais, dans toutes ces mauvaises nouvelles, un élément permet d’espérer : jamais la santé mentale des jeunes et de la population en général n’avait été mise autant en avant dans les médias, au travail et jusqu’au plus haut de l’État. Ainsi, en 2022, 1,9 milliard d’euros sur cinq ans pour la santé mentale ont été débloqués avec :
- Le remboursement des consultations de psychologues
- La création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques
- La création d’une maison des adolescents dans chaque département et de 100 places en accueil familial thérapeutique
- Le développement des premiers secours en santé mentale dans tous les secteurs de la société
Comment cultiver sa santé mentale dès le plus jeune âge ?
Les jeunes qui ont la chance d’avoir des parents attentifs à leur bien-être sont déjà mieux lotis que les autres, et moins sujets à des épisodes dépressifs. Mais dès les premières années, la question de la santé mentale doit être prise en compte pour ne pas laisser s’installer des épisodes anxieux ou d’autres troubles à l’adolescence puis dans la vie d’adulte. Pour cela, il est important de :
- Demander à l’enfant comment s’est passé sa journée à l’école, dès la maternelle
- Favoriser la découverte sans les contraintes avec des activités qui plaisent véritablement à l’enfant
- Prendre en compte les petits chagrins et les apaiser, tout en montrant que ce n’est pas grave
- S’il ne veut pas aller à l’école et que cela devient maladif, essayer de comprendre les raisons
- Répondre à ses questions et ne jamais éluder des sujets (comme ceux de l’actualité) avec des mots d’enfants bien sûr, cela évite l’apparition de peurs irrationnelles qui peuvent s’aggraver avec l’âge
- Encourager à l’activité physique
- Limiter les écrans (et jamais avant 3 ans)
Pour autant, toutes les précautions du monde ne suffisent pas à prémunir les jeunes d’un épisode dépressif ou d’une maladie mentale. L’important pour l’entourage est de savoir déceler quand cela ne va pas afin, éventuellement, de se tourner vers un professionnel tel qu’un psychologue, ou de contacter une structure spécialisée.
Rappelons qu’un numéro vert de prévention contre le suicide est accessible 7j/7 et 24h/24, le 3114.
Pour lutter contre les conséquences de la crise sanitaire sur la santé mentale des français, les assureurs, mutuelles et institutions de prévoyance se sont engagés afin d’aider à prévenir et soigner l’apparition de troubles psychologiques. Jusqu’au 31 décembre 2022, Mobilité Mutuelle étend son dispositif exceptionnel de prise en charge des consultations de psychologues. Pour en savoir plus, lisez notre article sur le sujet.